Parmi les silhouettes (juin 2015)
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Livre papier : 22 € – 24 $ – 15,50 £ (sortie : juin 2015).
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« Les papillons de nuit, mêlés à d’autres insectes nocturnes, voletaient, tournoyaient autour de la lampe à pétrole ; certains, produisant un effet presque comique, venaient parfois s’écraser contre le verre Matador et s’en retournaient groggy. Assis côte à côte, Yanyan et Vincent restèrent muets, énigmatiques tels le Sphinx de Gizeh, imperturbables tels les mégalithes de l’île de Pâque. A leurs pieds, des miettes de pain glissaient sur une chaîne de fourmis qui traçaient sur les marches comme des pointillés, ou des points de couture un peu gauches. Leurs regards ne se croisaient pas mais se concentraient sur des halos lumineux, lointains, peut-être imaginaires. Les chants des margouillats et des grillons résonnaient çà et là, conféraient à la nature plongée dans les ténèbres une dimension fantastique, surnaturelle. Et ils frissonnèrent de concert. Derrière eux, leurs ombres confondues, difformes ondoyaient au rythme de la langoureuse flamme qui vacillait, vacillait… »
En 1979, les troupes vietnamiennes délivraient le Cambodge du joug des Khmers rouges et, par la même occasion, occupaient le pays. Si les innombrables crimes de masse perpétrés par le régime de Pol Pot ont frappé d’indignation et d’effroi la conscience collective, le monde sait finalement assez peu de choses sur la vie que menaient les Cambodgiens sous le gouvernement de l’après-guerre téléguidé par Hanoï. Et c’est dans ce contexte précis que débutent les événements narrés dans Parmi les silhouettes.
Vincent Horlétant, revenu au Cambodge pour s’occuper de sa mère, rescapée des Khmers rouges, se résigne à épouser Yanyan, une femme qu’il méprise et à qui il fait grief de lui avoir ôté toute possibilité de s’épanouir. Anti-communiste de première heure, individualiste forcené, Vincent coule des jours monotones et amers dans un système marxiste-léliniste dirigé d’une main de fer par les libérateurs-envahisseurs. Bientôt, fourbu et désespéré devant l’impossibilité du pays à se reconstruire, il ne rêvera plus que d’une chose : repartir en France. Mais y trouvera-t-il son salut ? Saura-t-il réviser le jugement qu’il a peut-être trop hâtivement porté sur sa femme et se réconcilier avec elle ? Et quel avenir attendra ses enfants dans ce pays carnavalesque où la démocratie, vidée de son sens et utilisée comme une arme, semble s’être noyée dans le vaste océan du marché ?